ALIMENTATION

Il faut changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité“.

Cette phrase, prononcée par Sandrine Rousseau, lors d’une table ronde organisée à l’occasion des Universités d’été d’EELV d’août 2022, ayant pour thème ‘comment fait-on pour convaincre les gens de diminuer la part de viande ?’, avait fait couler beaucoup d’encre.

Pour autant, et si l’on s’écarte du débat politique et féministe, derrière cette phrase, il y a un fait :

A l’échelle individuelle, l’alimentation est le 2ème poste d’émission de gaz à effet de serre dans l’empreinte carbone d’un français. Sur une empreinte de près de 10tCO2eq par an, l’alimentation représente quasiment 2,5t, soit près d’un quart.

Et dans le poste « alimentation », 40% des émissions de gaz à effet de serre sont dues à la viande.

A l’échelle nationale, l’agriculture, c’est 19% des émissions de gaz à effet de serre (2ème poste d’émission après les transports) dont 60% sont issues de l’élevage.

Dès lors, on comprend bien qu’au-delà de la petite phrase qui fait du bruit, la baisse de la consommation de viande (et plus globalement des produits d’origine animale) constitue un vrai levier pour diminuer notre empreinte carbone.

Or, diminuer notre empreinte carbone est indispensable pour limiter le réchauffement climatique[1] : et l’objectif est que notre empreinte carbone soit à 2tCO2eq en 2050 !

Mais pourquoi la viande est-elle aussi émettrice de gaz à effet de serre ?

2 grandes raisons à cela :

  • Lors de sa digestion, le bétail émet du méthane (les fameux « pets de vache »), qui est un gaz à effet de serre puissant,
  • Également, le bétail nécessite d’être nourri : il faut donc cultiver pour produire son alimentation. C’est d’ailleurs 70 à 80% de nos surfaces agricoles qui sont dédiées à l’alimentation animale (pour produire 1 calorie animale, il faut entre 7 à 10 calories végétales), avec utilisation des engrais azotés. L’usage de ces engrais conduit à émettre du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre lui aussi très puissant.

Et cerise sur le gâteau : l’utilisation des sols est la 1ère cause d’extinction de la biodiversité, outre le climat en numéro 3 et la pollution qui arrive en numéro 4.

Dès lors, diminuer collectivement notre consommation de viande (et de produits dérivés de la viande), c’est moins de méthane, moins de protoxyde d’azote et une meilleure préservation de la biodiversité.

Et les agriculteurs dans ce contexte ? il est évident que changer notre consommation alimentaire aura un impact sur notre agriculture et donc sur nos agriculteurs.

En même temps, ne rien changer, c’est mettre en danger notre agriculture déjà soumise aux conséquences du réchauffement climatique en cours (manque d’eau, des sols quasi désertiques[2] et donc une baisse des rendements agricoles).

C’est avec les agriculteurs que cette transformation profonde de notre agriculture pourra se mener : ils nous nourrissent, ils sont essentiels à notre vie.

Repenser la manière d’exercer ce métier afin de répondre à une alimentation plus végétale, développer des modes de production qui préservent l’environnement et une alimentation plus saine ; permettre une juste rémunération des agriculteurs, voilà 3 piliers à investir pour une agriculture durable et respectueuse des agriculteurs et de l’environnement.


[1] Selon les Accords de Paris, signés en 2015, lors de la COP21, les Etats se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à 2° maximum en 2100 (en faisant tous les efforts pour atteindre + 1,5°).

Pour y parvenir, nous devrons atteindre en 2050 la neutralité carbone (soit limiter les émissions de gaz à effet de serre à un niveau que la Terre peut absorber). Or, atteindre la neutralité carbone en 2050 se traduit par limiter nos émissions annuelles de gaz à effet de serre à 2tonnes CO2e par individu à l’échelle planétaire.

[2] En raison, en particulier, de l’usage des engrais azotés et des pesticides

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